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Asthme et anxiété : l’établissement de liens

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« Éprouvez-vous de l’anxiété? »

Voilà la question que me posait régulièrement mon médecin il y a des années quand mon asthme était mal maîtrisé! Malgré tous nos efforts, nous ne le traitions pas encore comme il faut; pour cette raison, elle me demandait de temps à autre si j’éprouvais de l’anxiété.

J’avais beau lui répondre que je n’éprouvais pas d’anxiété, rien n’y faisait puisqu’elle est même allée jusqu’à offrir de me prescrire des anxiolytiques, ce dont je n’avais nul besoin.

Au bout d’un certain temps, j’ai fini par lui répliquer qu’elle aussi serait anxieuse si elle ne pouvait pas respirer. C’est là qu’elle a semblé réaliser que je ne présentais pas de symptômes d’anxiété généralisée, un trouble que la plupart d’entre nous appelons tout simplement « anxiété », mais bien plutôt que mon asthme mal maîtrisé créait des symptômes semblables à ceux de l’anxiété — et que ces symptômes avaient sûrement de quoi rendre n’importe qui légèrement anxieux.

L’anxiété et l’asthme peuvent être difficiles à distinguer l’une de l’autre, parce que les deux se recoupent dans une large mesure pour ce qui est des symptômes, des transformations physiologiques subies par l’organisme et la comorbidité. Nous examinerons maintenant de plus près les liens qui existent entre les deux.

Recoupement des symptômes

L’anxiété ou les crises de panique et l’asthme partagent trois symptômes* qui sont compris dans la respiration : essoufflement, serrements de poitrine et rythme respiratoire accéléré. En l’absence d’une exploration fonctionnelle respiratoire quand des symptômes sont observés, il peut être très difficile de distinguer certains des symptômes de l’anxiété et de l’asthme.

Certains effets secondaires des anxiolytiques, en particulier les stimulants des récepteurs bêta2-adrénergiques ou les bronchodilatateurs, peuvent aussi causer des symptômes qui sont semblables à ceux de l’anxiété**. Ces effets comprennent les suivants : tremblements, palpitations ou sensation de fréquence cardiaque accrue, vertiges ou sensation de tête légère. L’anxiété peut aussi être un effet secondaire de ces médicaments, ce qui rend les choses encore plus difficiles.

L’anxiété peut également entraîner des symptômes d’asthme*. Cela est dû en partie au fait que les modifications chimiques qui se produisent dans l’organisme sont semblables entre l’anxiété et l’asthme.

Recoupement physiologique

L’asthme peut certainement provoquer des symptômes d’anxiété. Inversement, dans un sous-type d’asthme particulier que mon ami John appelle asthme psychologique, l’anxiété peut aussi provoquer de l’asthme chez certains.

Les réactions de stress causent des transformations physiologiques** qui affectent les voies respiratoires, libérant ainsi des histamines et des leucotriènes — deux composés biologiques qu’on essaie de bloquer ou de réduire dans le traitement de l’asthme. Les antihistaminiques et les inhibiteurs des leucotriènes sont deux médicaments qui agissent sur des aspects précis de la réponse de l’organisme aux déclencheurs d’allergie. Les histamines et les leucotriènes jouent tous les deux un rôle dans la réponse de l’organisme : elles augmentent en présence d’un stress physiologique.

Comorbidité : l’asthme en tant que facteur de risque pour la santé mentale

Pour finir, la cooccurrence de l’asthme et de l’anxiété est fréquente. Il semble que l’anxiété puisse être un signe avant-coureur** de l’asthme, et l’asthme peut être un signe avant-coureur d’un trouble anxieux. Une étude menée en 2007** note que les adultes atteints d’asthme présentent un taux de prévalence de troubles anxieux égal à une fois et demie celui de la population générale.

Les adultes atteints d’asthme, en particulier d’asthme grave ou mal maîtrisé, sont plus susceptibles d’éprouver de l’anxiété ou de souffrir d’autres troubles mentaux que les adultes non asthmatiques.

S’attaquer à la tendance anxieuse et à l’asthme

Définir des stratégies pour maîtriser aussi bien les symptômes de l’anxiété que ceux de l’asthme est important pour gérer ces deux états.

Identifiez les sources de stress

Il est nécessaire d’identifier les sources de stress, qu’elles soient liées à l’asthme ou à la vie de tous les jours. Trouvez des moyens d’atténuer votre stress et demandez conseil à des experts au besoin. Votre médecin pourrait être une ressource précieuse pour ce qui est de vous venir en aide concernant les problèmes liés à l’asthme et aussi pour vous permettre d’accéder à un prestataire de soins de santé mentale capable de s’attaquer à l’anxiété et au stress.

Établissez des stratégies d’autogestion de la santé

Qu’est-ce qui vous aide à vous sentir mieux quand vous stressez? Élaborez des stratégies d’autogestion de la santé que vous pouvez employer pour prévenir le stress et vous détendre.

Les stratégies courantes comprennent les suivantes :

  • Tenir un journal;
  • Planifier sa journée à l’aide d’un agenda;
  • Siroter un café ou avaler une bouchée avec un(e) ami(e);
  • Écouter de la musique;
  • Prendre un bain;
  • Prendre rendez-vous avec un thérapeute ou un autre prestataire de soins de santé mentale.

Faites de l’exercice

L’exercice peut également constituer un mécanisme d’adaptation salutaire tant pour l’anxiété que pour le stress. Des articles scientifiques publiés en 2004 [disponibles en anglais seulement] suggèrent que des exercices cardiovasculaires accomplis à haute comme à faible intensité atténuent les symptômes d’anxiété, quoique les activités à haute intensité peuvent atténuer plus rapidement ces symptômes.

En réalité, l’exercice fortifie les cellules pendant le processus de récupération qui fait suite à la séance et qui a pour fonction de réparer les « micro-dommages » causés par l’exercice. Cela permet aux cellules de mieux résister au stress. En fait, l’exercice contribue à réduire l’anxiété en activant la production d’hormones qui augmentent la sensation de plaisir, y compris la sérotonine.

De plus, les mouvements effectués pendant l’exercice relâchent la tension musculaire et « refont l’installation électrique » de certaines parties du cerveau pour remettre à leur place les voies qui provoquaient jusque-là une réaction de peur afin qu’elles puissent répondre par de bons souvenirs à la place. Le cerveau résiste mieux à l’aspect fuite du réflexe de lutte ou de fuite.

En conclusion : la maîtrise de l’asthme est cruciale

Toutes les personnes qui vivent avec l’asthme n’éprouveront pas nécessairement de l’anxiété et vice versa. J’ai la chance de ne pas éprouver régulièrement de l’anxiété causée par l’asthme ou de l’asthme déclenché par l’anxiété. Cela dit, il est important de se rappeler que l’asthme mal maîtrisé peut aggraver les symptômes d’anxiété. Travaillez à maîtriser votre asthme en collaboration avec votre médecin — élaborez un plan d’action visant à maîtriser l’asthme afin que vous sachiez comment réagir si votre asthme commence à empirer. Le simple fait d’avoir un plan à suivre peut être utile pour tenir l’anxiété en échec.

*     Site disponible en anglais seulement.
**  Article disponible en anglais seulement.

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